BITCOIN, BLOCKCHAIN
& CRYPTO-MONNAIES

Suite à diverses discussions sur le "coin"...
Beaucoup de vocabulaire nouveau, vous êtes encouragés à suivre les liens.
Certains concepts sont croisés, d'où l'intérêt d'une seconde lecture, désolé.
(jpr, février 2022)

1. De la cryptographie au Bitcoin

En se limitant au monde moderne, on trouve à l'origine les cypherpunks, qui s'intéressent à la cryptographie (science mathématique des codes secrets, cyphers) et à ses applications dans le Web. Parmi les fondateurs du mouvement cypherpunk, on trouve des noms comme John Gilmore, Eric Hughes et Timothy May qui rédigea le Manifeste Crypto-Anarchiste. Pour l'ambiance, lire les romans Neuromancien de William Gibson, ou Samouraï virtuel (Snow Crash) de Neal Stephenson, bien qu'ils s'intéressent plutôt à l'univers un peu glauque des cyberpunks. Pour une plongée historique dans le sujet mathématique réel, il y a le livre de Simon Singh.

        

La cryptographie, longtemps réservée au renseignement militaire, entra dans l'époque moderne avec la diffusion des ordinateurs personnels et d'outils logiciels permettant de coder des messages, notamment à-travers le DES (Data Encryption Standard) en 1977 issu d'IBM et amélioré par la NSA. Cette méthode est rendue obsolète par la théorisation des systèmes de cryptographie à clé publique par Diffie et Hellman en 1976, elle-même concrétisée par l'algorithme RSA au MIT l'année suivante, du nom de ses auteurs Rivest, Shamir et Adleman. Le programme très répandu PGP (Pretty Good Privacy), lui aussi à clé publique, est publié par Zimmermann en 1991.

Juste deux mots sur le chiffrement à clé publique. Un logiciel permet à Alice de se construire aléatoirement une paire de clés de chiffrage (PA,SA) où PA est rendue Publique et SA est Secrètement conservée par Alice. Idem pour son copain Bob. Alice doit envoyer un message M à Bob. Une fonction publique codage lui permet de chiffrer le message M pour Bob, en mélangeant M et PB, par C = codage(M,PB) où PB est la clé Publique de Bob, et pour lire le message en clair, ce dernier calculera decodage(C,SB) en mélangeant C avec sa clé secrète SB que lui seul connaît. A partir de C, personne ne peut retrouver M sans posséder l'extracteur SB. La signature numérique de documents bancaires est une variante de cette technique. L'arithmétique des nombres premiers joue un rôle essentiel. Pensez à codage comme au mélange par produit C = pq de deux grands nombres premiers p et q choisis au hasard (on sait en fabriquer facilement). Connaissant C, il est trop difficile avec nos ordinateurs actuels de récupérer p et q. Pour un codage de l'algorithme RSA en Python, voir mon PAA page 187.

  PAA :-)

Le BITCOIN, alias BTC dans le monde crypto ou XBT pour la norme ISO des monnaies, est un actif (élément identifiable du patrimoine) purement numérique, essentiellement une suite informatique de lettres et de chiffres sur la valeur de laquelle il est possible de spéculer en euro EUR, dollar USD, etc. au sein d'un marché des devises non universellement régulé. Il peut servir aussi occasionnellement de véritable monnaie d'échange, là où il est accepté : c’est une crypto-monnaie, basée sur un protocole mathématique hautement sécurisé et maîtrisé, la cryptographie à clé publique dont nous avons parlé plus haut.

  Bitcoin : le lingot numérique...

La capitalisation du bitcoin (cours x nombre de bitcoins) sur le marché des cryptos est de 800 milliards d'euros en 2022 et il se traite plus de 10 milliards d'euros chaque jour. Juste pour avoir un ordre de grandeur du phénomène. Difficile donc à négliger...

Bitcoin, launched in 2009, was the first decentralized convertible virtual currency, and the first cryptocurrency. Bitcoins are units of account composed of unique strings of numbers and letters that constitute units of the currency and have value only because individual users are willing to pay for them. Bitcoins are digitally traded between users with a high degree of anonymity and can be exchanged (purchased or cashed out) into US Dollars, Euros, and other fiat or virtual currencies. [FATF]

Le bitcoin est créé en 2009 par Satoshi Nakamoto, qui est un pseudonyme pour une personne inconnue (ou un groupe de cypherpunks ?). Son livre blanc - chaque crypto-monnaie publie son white paper - est spartiate (résumé en français) mais expose rigoureusement sa technique de transaction sécurisée et décentralisée, il fera date dans l'histoire de la monnaie.

Sécurisée par les mathématiques du chiffrement à clé publique. Mais pourquoi décentralisée ? Parce que le grand livre de compte des transactions n'est pas situé quelque part dans une banque fût-elle centrale, mais dans une structure informatique - la blockchain - disséminée sur des milliers d'ordinateurs dans le monde entier. C'est le premier pas vers la finance décentralisée (DeFi) dont nous parlerons plus bas.

     

Le 17 juillet 2010, le bitcoin vaut $0.09, même pas de quoi s'acheter une portion de pizza ! Après un long sommeil, premier pic en Novembre 2013 (à $1100), puis à Noël 2017 où il touche les $20000, mais connaît en 2018 un crash sur $3700 : sans doute des suites au piratage en 2014 de la plateforme japonaise d'échanges Mt. Gox. Donc un actif très volatil et hautement spéculatif mais sur une tendance de long terme que l'on dit orientée à la hausse, avec des hauts et des bas. Sur le zinc des comptoirs, après quelques verres et pas seulement de la grenadine, on le voit à $100000 à moyen terme. Il a déjà touché les $67000 en 2021. Wait and see ?

Le long terme ? Une fois que les 21 millions de bitcoins auront été forgés et mis en circulation. Car tous les 4 ans, le nombre de nouveaux bitcoins est divisé par 2 (halving, mieux vaut suivre de près les cours ces années-là). La ressource est donc vouée à s'épuiser (comme l'or sur la Terre), et le couple rareté-confiance est souvent gage de valeur. En 2022, il y a déjà 19 millions de bitcoins en circulation.

Bitcoin v0.1 released
Mail from: Satoshi Nakamoto
Thu Jan 8 14:27:40 EST 2009
[...]
Total circulation will be 21,000,000 coins. It'll be distributed to network
nodes when they make blocks, with the amount cut in half every 4 years.
first 4 years: 10,500,000 coins
next 4 years: 5,250,000 coins
next 4 years: 2,625,000 coins
etc...

2. Les actifs numériques

Les actifs numériques sont à la mode - ou le deviendront - avec les NFT (jetons non fongibles, Non Fungible Tokens) qui devraient envahir non seulement les jeux vidéo du futur, mais aussi le marché de l'art (avec un risque de blanchiment d'argent), la musique et autres domaines numériques. Dans un jeu du futur, au sein du métavers en développement, avec un casque 3D, votre avatar aura des vêtements de luxe ou des armes qui seront des NFT achetés avec une crypto-devise, vous pourrez peut-être même en construire et en vendre vous-même à l'intérieur du jeu !

Le terme métavers a été introduit par Neal Stephenson dans son roman Neuromancien. Un jeton NFT n'est autre qu'un titre de propriété d'un actif numérique unique, ou d'une représentation numérique d'un actif réel. Les billets de banque sont fongibles : interchangeables. Un billet de 50€ est fongible, il peut être échangé contre un autre, pas un tableau numérique ou une pièce musicale dont le titre de propriété est enregistré dans une blockchain.

Le Decentraland par exemple avec son jeton MANA, ou le Sandbox avec son jeton SAND, disposent chacun de leur métavers. Ils permettront d'acheter des portions de terrains numériques à bâtir en 3D pour y faire du e-commerce où le client déambulera dans un univers 3D à l'aide d'un casque, ou bien des jeux fonctionnant dans les métavers du Web3 (dont une version du navigateur Opera se réclame déjà). Nous devrions en savoir plus dans deux ou trois ans, Facebook est pour l'instant en tête en prenant le nom de Meta (mais l'a cher payé en bourse)...

Le Web 1.0 (WWW, 1990-2003) est créé par Tim Berners-Lee au CERN, laboratoire européen de physique nucléaire. Les sites web1 permettaient de construire des pages non modifiables au format hypertexte HTML contenant des liens vers des documents, comme celui que vous lisez. Les utilisateurs ne pouvaient que consulter des pages Web statiques. Le Web 2.0 apparaît en 2005. Il devient participatif, l'utilisateur est mis à contribution et peut laisser des remarques, engager des discussions, rédiger lui-même des pages dans la Wikipédia. Les données personnelles (data) sont reines et les grands du Web (Facebook, Google,...) les ramassent à la pelle pour grandir démesurément. Ce Web 2.0 était destiné à évoluer vers un Web sémantique dans lequel les données étaient structurées en graphe partagé permettant d'accéder au plus vite aux connaissances, avec un succès mitigé : il manquait une étincelle. Qui arrive peut-être avec les blockchains pour donner naissance au fantasmatique Web 3 qui a reçu son nom de Gavin Wood, créateur de la Web3 Foundation. Le concept Web3 renvoie maintenant à l'utilisation massive de blockchains pour former un écosystème décentralisé de connaissances et d'applications, dans lequel les crypto-monnaies et les NFT joueront un rôle certain. Et idéalement dans lequel les données pourront rester personnelles...

Carrefour par exemple a déjà acquis des parcelles de supermarchés aux coordonnées (33,147) dans le métavers du SandBox. Idem pour Nike. Le métavers est donc la promesse du moment : menace larvée et/ou forte opportunité pour les GAFAM ?

The finite, traversable, 3D virtual space within Decentraland is called LAND, a non-fungible digital asset (NFT) maintained in an Ethereum smart contract. Land is divided into parcels that are identified by cartesian coordinates (x,y). These parcels are permanently owned by members of the community and are purchased using MANA, the Decentraland’s cryptocurrency token. This gives users full control over the environments and applications that they create, which can range from anything like static 3D scenes to more interactive applications or games. [Decentraland]

Le play-to-earn    dans Decentraland

3. Comment acheter, vendre et conserver des bitcoins ?

En fait, les bitcoins sont en circulation, ou dans un coffre, comme l'or ! Comment stocker cette crypto-devise ?

Le plus simple : la garder au chaud à-travers une plateforme d'échanges (Binance, Coinbase, Kraken, etc) sur laquelle vous pourrez stocker et échanger des EUR ou toute autre monnaie fiduciaire classique (fiat) ainsi que des cryptos comme BTC, ETH, MANA... En général, la plateforme est associée à une banque mais n'en est pas une elle-même, elle se contente d'être dépositaire de vos clés privées. Il faut donc avoir une confiance aveugle dans sa plateforme d'échanges ! Pour la sécurité, celle-ci offre en général une double authentification (2FA) par mail ou téléphone, ce qui n'est pas extraordinairement fiable. Mieux vaut un petit dispositif sur port USB comme la Yubikey générant chaque fois un nouveau code d'autorisation adapté à votre compte.

   Yubikey

Certaines plateformes peuvent conserver vos cryptos en dépôt sur le moyen ou long terme (staking, cf §7) et offrent une rémunération analogue à un dividende en bourse.

Enfin, et c'est la solution la plus sûre, vous pouvez avoir un véritable portefeuille numérique personnel physique non connecté à Internet (cold wallet) sur une sorte de clé USB très sécurisée et donc à l'abri des attaques possibles de pirates sur une plateforme douteuse (syndrome Mt. Gox). On trouve par exemple le français Ledger ou le tchèque Trezor. Il existe aussi des solutions au format carte bancaire. Ici comme ailleurs, YouTube est votre ami...

Ledger Nano S

Si vous souhaitez payer ou être payé en bitcoins, le plus simple est d'utiliser une application dédiée sur le smartphone ou l'ordinateur. Le cold wallet Ledger Nano (S ou X) ci-dessus est utilisable, mais c'est un peu plus compliqué et vous ne pourrez pas utiliser des QR-codes. Voir ce guide par exemple, et renseignez-vous sur les incidences fiscales...

4. Le minage du bitcoin et la preuve par le travail (PoW)

Les bitcoins sont forgés ? On ne dit pas forgés mais minés (par analogie à la mine d'or, le bitcoin étant l'or numérique). Ce sont des mineurs volontaires qui permettent de donner naissance à de nouveaux bitcoins, cf. le papier de Satoshi. Qui sont ces mineurs ? Vous et moi (non, pas moi), des étudiants la nuit, des chinois (euh non, plus maintenant), des villages entiers vénézuéliens ou russes, n'importe qui puisque tout le monde a accès à la blockchain (cf. plus bas). Il suffit de prêter la puissance de calcul de son ordinateur pour vérifier avec un logiciel la cohérence des transactions en cours, en résolvant un problème cryptographique difficile. Des milliers de machines dotées de cartes graphiques rapides (GPU, ASIC) essayeront en même temps et les premiers seront rémunérés pour cela, par le seul mécanisme de la blockchain et non par une entité extérieure comme un patron, une société privée ou un gouvernement.

 Minage [MOOC Coursera]

La rémunération des mineurs se fait en fraction de bitcoin (1 € = 0.00003 BTC en février 2022). Bien voir qu'il n'y a aucun organisme gérant le bitcoin, à l'inverse des banques centrales. Il s'agit d'une finance décentralisée (DeFI). Certains anarchistes ont cru pouvoir s'emparer de cette idée. Les banques centrales qui font tourner la planche à billet font elles aussi du minage de papier (et parfois de la dévaluation), mais cette fois orchestré par les politiques.

Un esprit libertaire au sens de la décentralisation, mais pas anarchiste au sens de l'abolition de l'Etat...

C'est de ce travail pénible de minage que vient la notion de Proof of Work (PoW). Pour prouver qu'une transaction est légale et l'inscrire dans un nouveau bloc à l'encre indélébile sur la blockchain, il faut suer du travail. Et ce travail est énergivore, entre 100 et 200 TWH en 2020, soit 10% de la consommation des appareils en veille aux USA, c'est ennuyeux. Certains projets comme Lightning Network essayent de corriger la lenteur et l'empreinte carbone du réseau Bitcoin.

Mais Bitcoin n'est pas le seul. Il existe des centaines de crypto-devises, chacune basée sur un projet d'organisation décrit dans un white paper. Darwin a dit que les meilleures survivront.

5. La blockchain

Le concept informatique de blockchain est intéressant, indépendamment des crypto-devises. Il commence à être enseigné dans les universités et il est accepté par le monde financier (plutôt opposé au bitcoin qui lui fait de l'ombre). Comme son nom l'indique, il s'agit d'une chaîne de blocs en lecture publique mais inaltérables. Chaque bloc contient l'information d'une transaction. Dans l'idéal, toute transaction devrait figurer dans ce grand livre comptable, à l'abri des incendies et des falsifications puisque distribuée sur des milliers d'ordinateurs. Les blocs sont anonymes, le décryptage de leur information suppose la possession d'une clé, par exemple sous la forme d'un code-barre.

Les blockchains serviront dans un futur proche à enregistrer des transactions de gré à gré sans intermédiaire, voire aux transactions bancaires lorsque les institutionnels entreront franchement dans le jeu. Elles risquent hélas aussi de servir aux transactions illégales dans le dark web : drogue, prostitution, armes, etc. Mais les autorités (qui embauchent aussi des informaticiens brillants) tentent de mettre en place des contre-mesures...

Je ne rentre pas dans les algorithmes de minage ni de construction de la blockchain, basés sur les concepts informatiques de hachage et de clés publiques. Plusieurs MOOC présentent en profondeur les détails, parfois comme à Princeton jusqu'à la construction d'une crypto-monnaie.

Certaines monnaies se dupliquent, on nomme cela des forks. Par exemple, un groupe a décidé que la stratégie ou les buts ou l'implémentation du bitcoin demandait une mise à jour. Ces gens vont forker (faire bifurquer) le bitcoin en créant un morceau déviant de la blockchain - ou un code déviant sur la même blockchain - pour construire un Bitcoin Cash, Dash, Gold, etc. Il faut savoir que le code source informatique des créateurs d'une crypto-monnaie est ouvert et libre (sinon il pourrait contenir des portes d'entrées cachées et tuer la sécurité et la confiance). Donc pour créer une nouvelle crypto-monnaie, par exemple le ZORGLUB, il suffit de modifier un peu le code source, de produire un white paper et zou, roule Simone, on lance une ICO (Initial Coin Offering) pour récolter quelques millions de dollars, un peu l'analogue d'une IPO en bourse. Bon, je charrie un peu, ce n'est pas aussi facile...

Un dernier mot sur la sécurité de la blockchain, qui provient de la très grande distribution des rôles, le nombre de mineurs étant immense. A votre avis, comment opèrerait Auric Goldfinger pour s'emparer de ce Fort Knox qu'est la blockchain ?

6. Le grand rival du Bitcoin : l'Ethereum

Le Bitcoin n'est pas la seule crypto-monnaie, il y en a des centaines. La série Startup sur Amazon Prime Video montre la création d'une telle crypto-monnaie par une geekette latino US qui va se trouver mêlée aux russes et aux gangs haïtiens de Miami, assez bonne série avec l'excellent Ron Perlman qui était le Quasimodo du film "Le Nom de la Rose". Mais je m'égare...

  Vitalik Buterin

Le projet Ethereum a été créé par Vitalik Buterin, entouré de 8 collaborateurs (dont Gavin Wood qui se dirigea ensuite vers le Web3). Le jeton du projet est l'éther (ETH). Le gros avantage d'Ethereum est qu'il est programmable à-travers un smart contract (contrat intelligent) qui est un code informatique rédigé dans un langage dédié et placé dans une blockchain - le plus souvent Ethereum - et s'exécutant automatiquement lorsque certaines conditions sont remplies. Ceci permet de construire des applications décentralisées (DApps) fonctionnant sur une blockchain. L'idée de smart contract est due à Nick Szabo en 1993, dont certains pensent qu'il ne serait autre que... Satoshi Nakamoto. Ethereum a donné naissance à une foule de projets : des organisations décentralisées (DAO) et des crypto-devises (jetons). Sa capitalisation sur le marché des cryptos est de centaines de milliards d'euros, il est le numéro 2 après Bitcoin dont il se rapproche. Les autres crypto-devises sont en-dessous de 100 milliards €, une paille.

Une DAppApplication Décentralisée - est un programme s'exécutant sur un réseau décentralisé P2P sécurisé par une blockchain, et non en tant que client d'un serveur central comme les applications courantes. Une DApp se contente de déployer un contrat intelligent (smart contract) se trouvant à un endroit donné de la blockchain et disposant d'un solde qui lui permet d'effectuer des transactions soumises à certaines conditions. Sous Ethereum, les langages de programmation utilisés sont Solidity créé par Gavin Wood et proche de C++, et Vyper proche de Python.

Une DAOOrganisation Autonome Décentralisée - est une organisation dont le contrôle est pris en charge par ses membres, de manière non hiérarchique (décisions par votes). Le concept a été developpé par Vitalik Buterin vers 2013. Le fonctionnement d'une DAO est automatique et géré par un smart contract s'exécutant sur une blockchain. Un exemple de DAO est Decentraland, une organisation gérant l'allocation de terrains virtuels dans le métavers pour les jeux, le commerce en ligne, les sports ou l'éducation, et dont le jeton est le MANA. Un concurrent est le SAND orienté surtout vers les jeux play-to-earn dans un métavers.

Systems like Ethereum (and Bitcoin etc.) are a fundamentally new class of cryptoeconomic organisms — decentralized, jurisdictionless entities that exist entirely in cyberspace, maintained by a combination of cryptography, economics and social consensus. [Vitalik Buterin]

Vitalik Buterin ne jure comme d'autres que par Ethereum et ses smart contracts, mais il existe aussi des maximalistes du bitcoin (keep it simple !). Et ça risque de durer, dans l'indécision mieux vaut couper la poire en deux...

7. Preuve par le travail (PoW) ou par l'enjeu (PoS) ?

Travailler en suant, ou se contenter de participer en encourageant l'équipe ?

         

La blockchain du Bitcoin, avec son minage PoW, est lente et énergivore (d'où le fork du Dash). La version 1 de Ethereum suit ce schéma, mais la blockchain version 2 en préparation (ETH2) veut changer de modèle et opter pour une Preuve par l'Enjeu, on dit aussi par la Participation : PoS (Proof of Stake). Nous avons rencontré plus haut le mot staking, du verbe miser en anglais. Ou d'une mauvaise orthographe du verbe empiler, sous-entendu des jetons, ce qui revient au même. Vous soutenez votre organisation DAO en achetant des jetons et en les conservant par fidélité sur le long terme, avec espoir qu'ils s'apprécient et avec en plus un rendement possible pour vous remercier de votre fidélité, c'est la moindre des choses. Une caisse d'épargne crypto...

Super, mais en quoi cela remplace-t-il le minage ? Nos pauvres mineurs sont remplacés par les stakeurs. Lorsque vous placez vos ETH en mode staking sur votre plateforme d'échanges, vous obtenez des récompenses qui sont proportionnelles à votre mise, et au temps pendant lequel elle reste gelée au chaud (sic). Des validateurs sélectionnés pour leur mise importante (> 32 ETH) et leurs connaissances techniques valident une transaction (le meilleur d'abord, validé par les autres). Ce processus est fiable et consomme beaucoup moins d'énergie.

8. Et le trading des devises, alors ?

Doucement les basses. Si j'avais un algo, je le garderais sûrement pour moi. Mais on peut discuter sur quelques pistes. Ce qui suit n'est absolument PAS une invitation à spéculer. Le but est d'essayer de comprendre quelques stratégies, dont aucune n'est vraiment fiable.

• La stratégie du lissage, assez largement présentée dans les blogs. On investit la même somme toutes les N semaines pour acheter une crypto-monnaie. Parfois elle monte, parfois elle descend, mais la régularité des achats contribue à lisser les opérations sur une tendance de long terme supposée quand même croissante. C'est la stratégie tranquille sur le SP500 de la bourse US par exemple, d'après Warren Buffett. Ennuyeux mais pépère...

• Certains préfèrent la moyenne mobile en mode manuel, ça secoue un peu plus. Why not ? Voici une stratégie hautement non optimale mais qui a l'avantage de ne pas rester scotché à l'écran. Considérons la courbe du MATIC (le jeton du projet Polygon) sur 5 mois dans une vue à 3 jours (3D) sur trade.kraken.com (chaque pas correspond à 3 jours, donc travail à moyen terme). Vous voyez ci-dessous la courbe et sa moyenne mobile (MM). Grosso modo, on surveille la progression de la courbe et de sa MM et on prend une décision uniquement lorsqu'elles se coupent franchement. Bien entendu, la décision ne sera pas prise au moment optimal, on essaye simplement d'entrer dans une hausse, ou de sortir en prévoyant une tendance baissière, pouvant durer plusieurs semaines. Il est encore possible de dormir tranquille jusqu'à la prochaine coupure. Refaites cette analyse naïve avec le Bitcoin, vous verrez que les périodes de hausse et de baisse sont clairement identifiées. A l'extrémité droite de la courbe ci-dessous, le point haut a été râté et la vente a eu lieu trop tard, mais c'était impossible de le prévoir, n'est-ce pas ?

L'étude des courbes et des moyennes mobiles (analyse technique) est très développée et utilisée en crypto, comme d'ailleurs dans les marchés boursiers traditionnels. Mais pour prévoir ces derniers, les investisseurs font aussi une analyse fondamentale sur la situation d'une entreprise, son bilan, ses projets, etc. On peut se méfier ou carrément ne pas croire à l'analyse technique, mais il faut tenir compte du fait qu'une majorité y croie, et l'adage dit que l'on n'a jamais raison contre le marché. En crypto, il faut aussi tenir compte de la géopolique (interdiction du minage en Chine, bruits de bottes en Europe, etc) et du niveau de corrélation variable avec les marchés boursiers, notamment le Nasdaq avec ses grosses valeurs technologiques.

• Le trading journalier, le nez collé à l'écran, pour scalper les cours et gratter quelques euros par-ci par-là ? Ah non, il est très difficile de battre le marché et de trouver le point bas pour acheter et le point haut pour vendre. Sans compter les frais. Bref, on dort beaucoup moins bien.

• Le trading algorithmique ? Ah, quelque chose comme un programme qui exécuterait en boucle par exemple :
    SI la courbe du BTC à 3 jours est en train de passer au-dessus de la moyenne mobile ET SI...
    ALORS acheter 0.01 BTC
Les plateformes offrent général aux clients programmeurs - sous le nom d'API (Application Programming Interface, cf. PAA exo 11.122) - une manière d'accéder aux cours et aux variations de manière publique, mais aussi au contenu de leur portefeuille avec une clé privée, voire lancer des ordres d'achat ou de vente la nuit directement par programme (Java, Python, requête HTTP) avec une clé encore plus privée (dangeureux). Il est donc possible de programmer des robots logiciels (bots) qui vont surveiller les cours et prendre des décisions à la place de l'humain, pour le meilleur ou le pire. C'est ce qui se passe pour une grande partie du volume journalier échangé sur le CAC40, engendrant parfois des mouvements de panique trop automatiques.

• Ou bien aucun trading : HODL ! On empile les jetons au moment des baisses, on dort en pensant à un avenir meilleur, et le jour où le BTC sera à 100000 €, champagne (un Dom Perignon pour l'occasion, mais 1953 ou 1955 ?). Ceux qui conservent (hold) les cryptos sur le long terme sont dénommés HODLERS et non holders, à la suite d'un célèbre abus de whisky de GameKyuubi le 18 décembre 2013 après un crash du Bitcoin. Others were solding while he was hodling ! Rassurez-vous, par la suite il a bien plus que récupéré ses billes...

Ce marché des crypto-monnaies est l'analogue crypto du FOREX (FX), marché des changes de devises fiat dans lequel on peut parier sur une monnaie contre une autre.

9. Les stablecoins

Les monnaies fiduciaires (fiat) sont l'euro € ou EUR, le dollar $ ou USD, le sterling £ ou GBP, le yen ¥ ou JPY, etc. Bizarrement, il existe des versions cryptos de certaines monnaies fiat. Les meilleurs exemples sont les dollars numériques nommés USDT (Tether) et USDC (USD Coin), construits sur Ethereum et qui valent toujours $1 USD fiat, ils sont stables. Leur quantité est assez grande (des dizaines de milliards de dollars en 2021). Les deux précédents sont adossés à des réserves en vrais dollars USD détenus sur des comptes de plusieurs banques réglementées américaines, un peu comme les réserves d'or détenues par les banques centrales (ce qui au passage nous éloigne de la finance décentralisée, mais bon...). D'autres sont adossés à des crypto-monnaies, ou à des biens immobiliers, des métaux précieux, ou simplement à des algorithmes qui stabilisent leur cours. Le Trésor américain étudie une possible régulation de ces stablecoins qui servent aussi d'épargne numérique (mais non garantie par l'Etat).

10. Ressources

Il sort des livres régulièrement, on n'a pas assez de temps pour tout lire... Idem pour "YouTube crypto" qui regorge de tutoriels et de conseils plus ou moins intéressés.

Ces cryptos portent l'avenir pour le meilleur ou pour le pire. Ils sont très volatils, trader des crypto-monnaies qui peuvent rapporter très gros ou s'écrouler en une heure, c'est du vrai casino donc bien entendu absolument indéfendable. D'un autre côté, comme je l'ai entendu : si l'on pouvait revenir en 2016, on aurait vite de quoi racheter le resto et l'hôtel, et installer une troupe de danseuses. C'est agaçant, cette lutte incessante avec le Temps qui passe !

J'ai produit cette page pour mettre au clair quelques idées, et vous apporter une petite introduction à une technologie de pointe qui risque d'envahir nos vies dans une poignée d'années, et non pour spéculer comme des bêtes, d'accord ? J'apprécie toutes remarques et informations en retour. Plonger ou attendre l'explosion de la vague ? Ah...

Un professeur (Silvio Micali qui a reçu en 2012 le prix Turing, équivalent du prix Nobel pour l'Informatique) a créé la crypto ALGORAND. Comme quoi...


Kyuubi reste seul, devant sa bouteille de Nikka presque vide. Johanna est partie enterrer la vie de fille d'une copine au Blue Moon, juste en face. Il se lève, laisse un bon billet à Satoshi qui s'ennuie au comptoir et se dirige à pas hésitants vers la terrasse, une tasse en céramique à la main. Besoin d'air frais. Mais les tubes néon du Moon lui donnent la nausée et il voit sur le grand moniteur que Bitcoin s'est effondré. Ils ont tous vendu sauf lui. HODL, c'était son mot d'ordre. Bah, il se referra dans quatre ans. Mais où est passée Johanna ?

       Bouge de la terrasse
       Installe-toi par terre
       Tape ton mot de passe
       Cache le nom du père
       Ouvre ton sac à blé
       Inspire ton saké
       N'oublie pas ta monnaie
       Savoir c'est oublier.

    (accompagnement de TKZ)